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6 May 2024
Deux coups d’éclat et un coup dur

Deux coups d’éclat et un coup dur

Juil 5, 2014

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©Getty Images

Tout dans le vestiaire brésilien laisse à penser que la soirée s’est passée conformément aux plans. La Seleçao est qualifiée pour les demi-finales suite à une victoire 2:1 sur la Colombie, les joueurs rigolent et on analyse déjà ce qui a marché et ce qui n’a pas marché en vue du prochain choc face à l’Allemagne. Mais soudain, cette belle harmonie est perturbée par une intervention du Dr. Rodrigo Lasmar, qui devient la cible principale de tous les micros.

Les mots « fracture de la troisième vertèbre » laissent entrevoir une nouvelle dimension, où le Brésil est privé de son meilleur élément pour la suite de la compétition. « Je ne peux pas être complètement heureux aujourd’hui parce que j’ignore où en est vraiment Neymar. Il ne nous reste plus qu’à prier pour que ce ne soit rien et pour qu’il puisse nous aider », confie David Luiz à FIFA en conclusion d’un entretien qui respirait jusque-là l’optimisme et la satisfaction.

C’étaient des déclarations prémonitoires. Quelques minutes se sont écoulées et la majorité des joueurs ont pris la direction du bus. Le ballet des téléphones portables a démarré, le temps que l’annonce du Dr. Lasmar se diffuse aux quatre coins du pays. « Malheureusement Neymar est forfait jusqu’à la fin de l’épreuve. Il s’agit cependant de ce que l’on appelle une fracture bénigne, c’est-à-dire qu’il n’y pas de séquelles et que le traitement ne requiert pas de chirurgie. Les délais de récupération varient d’un joueur à l’autre, cela va de quatre à six semaines. C’est vraiment très variable », explique le médecin à FIFA.com, lui-même un brin pris de court.

Quelques minutes plus tôt, le docteur attendait impatiemment un appel du Dr. José Luiz Runco, responsable de l’encadrement médical de la Seleção, qui accompagnait Neymar à l’hôpital. Lorsque l’appel est enfin arrivé, il est devenu le porte-parole de la plus mauvaise nouvelle que le Brésil pouvait imaginer. Et elle est tombée alors même que l’équipe célébrait ses bonnes performances et se focalisait sur l’absence de son capitaine Thiago Silva et sur la solidité de l’Allemagne pour aborder cette première demi-finale après 12 ans d’attente. Mais soudain, toutes ces considérations n’avaient plus d’importance.

Comme avant ?
Dans la zone mixte, alors qu’il répondait aux journalistes au sujet du match et de sa suspension, Thiago Silva a été averti du diagnostic. Lequel lui importait d’ailleurs beaucoup moins que le corollaire immédiat, qui tenait en six mots : « Coupe du Monde terminée pour Neymar ». Malgré la rudesse du coup, Thiago Silva n’a pas semblé spécialement affecté. Il a respiré profondément avant d’évoquer la prochaine étape, comme s’il s’agissait d’une énième mauvaise nouvelle. « Nous avons d’autres solutions. Il y a dans le groupe d’autres joueurs capables de trouver des failles », a poursuivi le défenseur du Paris Saint-Germain, tout en voyant s’accumuler des journalistes autour du Dr. Rodrigo Lasmar. « Dis-moi, Rodrigo, c’est vraiment confirmé alors ? », a lancé le capitaine, un peu perdu, comme s’il commençait à peine à digérer ces six mots entendus précédemment…

« C’est triste », a-t-il répondu avant de faire une pause. « C’est triste parce que ce garçon a vraiment tout donné pour cette Coupe du Monde. » Nouvelle pause, le temps d’assimiler la nouvelle réalité. Le temps aussi de reprendre la phrase précédente là où il s’était arrêté. « Mais j’ai la certitude que nous avons des joueurs de qualité prêts à le remplacer. Je pense à Willian, qui présente les mêmes caractéristiques. Nous allons remporter cette Coupe du Monde. Pas seulement pour Neymar, mais pour nous tous. Nous le méritons. »

Impossible d’obtenir un autre discours de la part du capitaine. Pas dans ces moments-là. D’un coup, cette réalité parallèle est devenue la seule réalité de la Seleção demi-finaliste. Il convient donc d’imiter Thiago Silva et de reprendre la vie là où elle s’était arrêtée avant la blessure de Neymar. Mais est-ce vraiment possible ?

 

source: FIFA.com